SUR LES PAS DES ARMEES DU NORD – avril 2018 – compte-rendu
Pour achever la série de visites débutées en 2014 sur les sites de la Grande Guerre, ce troisième voyage a conduit pendant quatre jours dans le nord de la France et le sud de la Belgique une soixantaine de membres et d’amis de l’Association culturelle d’Aigueperse et ses environs (ACAE).
2018 est la dernière année de célébration du centenaire de cette terrible guerre. Cette fois, le groupe retrouva la ligne de front au nord de Soissons, là où il l’avait laissé en 2014, avant de la suivre sur une distance de plus de 200 km jusqu’au canal de l’Yser, près de la ville belge d’Ypres en Flandres.
Minutieusement organisé de longues dates par Bernard Boulin, le programme s’est déroulé sans anicroche. Les embouteillages autour de Paris ne purent rien contre la volonté de nos Auvergnats de ne rien manquer de la première étape du voyage : le château et les écuries de Chantilly où ils retrouvèrent trois parisiens, amis et adhérents de l’Association.
Une présentation de dressage de chevaux suivie d’une visite guidée du château succédèrent à l’excellent repas pris dans les anciennes cuisines (avec, au dessert, la fameuse crème… Chantilly).
Chantilly
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Non loin d’Amiens, la destination du jour, une introduction à la production de malt et de bière artisanale dans une ferme de la région du Ponthieu était prévue. Elle permit un rafraîchissement très apprécié par les amateurs de bière en cette chaude et belle journée de printemps (28°C). Cette mini-brasserie, tenue par un dynamique couple d’agriculteurs, présente l’originalité de produire aussi son propre malt : un cas unique permettant de relier directement sa production d’orge au produit final.
Domart-en-Ponthieu
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A quelques kilomètres seulement, l’autocar parvint à bon port à l’Auberge de jeunesse d’Amiens où le groupe s’empressa d’ajuster (à la hausse) l’âge moyen des locataires. C’est là que, chaque soir, les excursionnistes se retrouveront jusqu’au moment du retour à Aigueperse.
Amiens a subi par deux fois l’orage des guerres mondiales. La vallée de la Somme est, avec celle de l’Aisne, un obstacle majeur à l’envahisseur du Nord. En 1918, lors de la bataille de Picardie, la ville fut l’objectif du général Ludendorff. Elle reçut quelques 12.000 obus et « marmites » qui la détruisit en grande partie.
Bois de Sénécat (Somme)
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Pour la seconde journée, cette fois consacrée à la Grande Guerre, le groupe partit sur les traces des batailles d’avril et de mai 1918 engagées en réponse à l’offensive allemande « Mickael » en Picardie. Elle visait à scinder le front entre les armées britannique et française, mais fut stoppée au nord de la Somme par les Australiens et, au sud, par les renforts du groupe d’armées du général Fayolle. Ce ne fut pas sans émotion que Clément Constant, fidèle participant aux excursions de l’ACAE, lut, près du modeste monument du bois de Sénécat, quelques notes prises entre deux attaques par son ancêtre qui se trouvait engagé dans cet enfer de boue et de feu.
Puis l’autocar poursuivit sa route jusqu’à Péronne pour une visite de l’Historial de la Première Guerre mondiale. Ce musée moderne est implanté sur le site de l’ancien château médiéval où Louis XI fut retenu contre son souhait en 1468 par Charles le Téméraire, duc de Bourgogne.
Occupée par les Allemands dès le début de la Grande Guerre, la cité de Péronne fut, pour les Français, l’un des objectifs principaux de la bataille de la Somme en 1916. Les armées françaises sous les ordres du général Foch au sud de la Somme, et britanniques sous les ordres du général Douglas Haig au nord du fleuve, contraignirent les Allemands à se retirer derrière leurs fortifications de la ligne Hindenburg à partir de novembre 1916. La bataille fut extrêmement meurtrière.
Historial de la Grande Guerre à Péronne
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Après un déjeuner convivial sur le site même de l’Historial de Péronne, le groupe reprit sa route jusqu’en Artois afin d’y découvrir la ville martyre d’Arras. Aujourd’hui reconstruite, proche de la ligne de feu jusqu’en 1917, elle souffrit des bombardements.
Arras
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D’une grande importance stratégique, ce sont les collines du nord de la ville qui furent surtout l’objet des combats les plus violents. Les Allemands s’y accrochèrent, prenant appui sur la crête de Vimy et les hauteurs de Notre-Dame de Lorette. Ce ne fut qu’en avril 1917 que les hauteurs de Vimy furent reprises par les Canadiens.
Nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette
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La crête de Vimy
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La soirée se termina dans un petit restaurant familial d’Arras… comme pour nos ancêtres les Gaulois ; mais sans sanglier…
Le groupe des voyageurs de l’Association culturelle d’Aigueperse devant le Mémorial national du Canada à Vimy.
Troisième jour, départ en direction des Flandres belges où attendait une surprise de taille… la présence d’un vigneron, d’une cave moderne et de vignes bien entretenues ! En Belgique ! Le réchauffement climatique commencerait-il à se faire sentir ?
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Après un passage sans encombre de la douane belge, une légère erreur d’itinéraire ne nous permit pas de gravir, comme c’était initialement prévu, le Mont Kemmel, lieu de la 3ème bataille des Flandres, début avril 1918. Les troupes de l’Empire britannique ayant reculé sous les assauts allemands, Foch, nouveau commandant en chef des armées alliées, dépêcha deux armées françaises pour stopper cette offensive. Le mont Kemmel subit un bombardement qui ne laissa rien subsister de la forêt qui le couvrait ni des fortifications. Des gaz de nouvelle génération furent employés et le mont fut finalement conquis par les Allemands, mais ceux-ci ne progressèrent pas davantage (6000 morts ou disparus).
Poursuivant sa route vers Ypres, l’autocar fit un détour vers l’Est, jusqu’au carrefour de Broodseinde, où, en novembre 1914, les troupes des deux camps essayaient de se déborder pour garantir l’accès à la mer du Nord : « course à la mer ». Les Allemands mirent tout en œuvre pour prendre Ypres, tenue par les Australiens. Des troupes françaises furent envoyées en renfort et bloquèrent l’avancée allemande. Les bombardements allemands détruisirent la ville sans réussir à la prendre.
Les troupes du Kaiser tentèrent, les 11 et 12 novembre 1914, une offensive massive pour s’emparer de la ville. Le 9ème corps d’armée français, formé de régiments vendéens, résista au prix de pertes énormes. Le 13ème corps d’armée (« les Auvergnats ») fut appelés en renfort. Le 92ème RI de Clermont combattit durement sur ce carrefour où, le 13 novembre, après avoir épuisé ses maigres munitions, l’attaque française se poursuivit à la baïonnette. Le régiment perdit, ce jour-là, 6 officiers dont son colonel, Aimé Knoll, et 51 hommes de troupes, 10 officiers, 273 hommes de troupes furent blessés et 59 homme furent portés disparus.
Il est enfin temps d’arriver à Ypres pour un rapide casse-croûte, suivi d’une visite guidée du musée In Flanders Fields qui retrace les engagements du Saillant d’Ypres.
En fin de journée, le groupe se rendit près de Dixmude, au Boyau de la mort, le long du fleuve Yser. Ces tranchées, tenues par les Britanniques, résistèrent durant toute la guerre, interdisant ainsi l’accès des Allemands aux ports d’Ostende et Nieuport.
Près de Dixmude (Belgique), la tranchée de la mort
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En revenant à Ypres, un arrêt commenté fut effectué à l’impressionnant cimetière militaire allemand de Langemark où reposent 44.000 soldats, dont presque 25.000 dans une fosse commune. Plus de 3.000 étudiants volontaires allemands tombés en octobre et novembre 1914 pendant les attaques répétitives de la Première Bataille d’Ypres, y trouvèrent également leur dernière demeure.
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De retour à Ypres pour un dîner (avec frites), on put d’abord assister à la cérémonie qui s’y déroule, comme chaque soir depuis 1928, à la porte de Menin.
Des centaines de personnes s’étaient réunies pour cette commémoration appelée The Last Post. Celle-ci est destinée à exprimer la gratitude de la population envers les soldats britanniques tombés durant la Grande Guerre. On put noter, lors des dépôts de gerbes, une importante présence australienne, aisément remarquable par ses uniformes particuliers. Une chorale d’hommes venue du Pays de Galles interpréta plusieurs chants.
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Le retour tardif à Amiens autorisa une courte mais appréciée grasse matinée prise avant la visite guidée détaillée, le 4ème jour, de la magnifique cathédrale gothique qui domine la ville.
Mais il fallut bien se résoudre à rentrer.
Toutefois, il restait encore à effectuer un arrêt à Compiègne pour en visiter le château au mobilier Empire et rempli de souvenirs napoléoniens, puis en forêt de Rethondes, avec sa reconstitution du wagon où fut signée par les plénipotentiaires des pays engagés dans le conflit, l’Armistice du 11 novembre 1918.
Ainsi s’acheva cette série de trois magnifiques voyages consacrés au centenaire de l’Armistice de 1918. Elle fut organisée avec grand soin par Bernard Boulin, passionné d’histoire et membre du conseil d’administration de l’ACAE.
Cathédrale d’Amiens
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Non seulement les programmes de ces trois périples furent parfaits et appréciés des participants, mais ils furent accompagnés de livrets illustrés de nombreuses photos et cartes remis à chaque participant, ainsi que d’utiles commentaires de Bernard Boulin au micro de l’autocar. C’est de ce beau document que nombre de notes de ce compte-rendu furent d’ailleurs extraites.
Château de Compiègne
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En de nombreuses occasions, Olivier Paradis, président de l’ACAE, mit l’accent sur des points où l’histoire des lieux visités se croisait avec celle d’Aigueperse. Une longue salve d’applaudissements à l’attention de l’organisateur permit de conclure ces quatre journées effectuées sur les pas des armées du Nord.
Clairière de l’Armistice à Rethondes (Oise)
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Pour occuper le trajet de retour, Olivier Paradis rappela le riche programme de festivités organisées par l’Association d’ici fin 2018 (voir calendrier). Enfin, il partagea avec les participants nombre de bonnes histoires reçues, parait-il, par courriel spécial, d’un adhérent de l’ACAE de Saint-Agoulin.
Texte : M. Debatisse (d’après brochure de B. Boulin)
Photos : L. Crochet, J. Debas, M. Debatisse, G. Gaby, C. Genest, V. Hunault, N. Moulin