CONFÉRENCE – Péages sur l’Allier entre Port de Ris et Saint-Yorre – compte-rendu

Invité par l’Association culturelle d’Aigueperse et ses environs (ACAE), Olivier Troubat, président du Cercle d’archéologie de Montluçon et de la région, a présenté une conférence le 21 mars devant plus d’une centaine d’auditeurs sur le thème « Pouvoirs et péages sur l’Allier entre Port de Ris et Saint-Yorre ». Archéologue subaquatique, le conférencier a effectué de nombreuses fouilles dans les départements de l’Allier et du Puy-de-Dôme.

Jusqu’à l’arrivée du train au milieu du XIXe siècle, la rivière Allier était un cours d’eau très fréquentée. C’était un axe de transport commercial très important dans le Massif Central. En effet, la batellerie était un moyen de déplacement efficace. Ainsi, au début du XIXe siècle, afin d’acheminer vers les villes de Moulins et Paris le charbon extrait du bassin de Brassac-les-Mines, 2400 sapinières étaient construites par an. Sachant que l’Allier n’était navigable que 200 jours par an, notamment à cause du gel, cela représentait un trafic important sur cette rivière. Une fois arrivé à destination, les marchandises étaient livrées et les sapinières démontées, le bois étant vendu comme planches et les bateliers rentraient à pied en Auvergne. La région exportait aussi des fruits et du vin. Les embarcations à fond plat suivaient le cours de l’Allier mais certains bateaux le remontaient, afin de déposer au plus près des barres de fer provenant du Berry ou du Nivernais à destination de la ville de Thiers.

L’ancien port de Ris se trouvait à la confluence de l’Allier et de la Dore entre Hauterive au nord et Charnat au sud. L’Allier a changé de lit régulièrement. Ainsi, le port de Ris a changé quatre fois de place en 25 ans. Les constructions étaient simples, une rangée de poteaux en bois, des planches et du sable tassé sur champ.
Une communauté de marchands avait des délégués issus des ports anciens. On retrouve dès 1474 Vichy, Limons et Maringues, puis Pont-du-Château en 1537 et Thiers en 1669. Ce groupement de marchands a mis deux siècles pour atteindre son objectif : supprimer les péages sur l’Allier.
Autour de la zone de la confluence, quatre péages ont été découverts : Pragoulin, Jarraux, Boutière et l’Anaut. Les taxes étaient perçues par différents seigneurs. Pragoulin et Lanaud dépendait du Prieur de Ris, Boutière du Comte de Montpensier et Jarraux du Sieur de Busset.
Pour l’anecdote, un village à côté de Boutière s’appelle « Montpensier ». Pour ce péage, une enquête est effectuée en 1439 et révèle que les montants demandés n’étaient pas toujours respectés et que de la marchandise pouvait même être prélevée.
Le péage de l’Anaut est supprimé en 1445. Pour Boutière et Pragoulin, il est fait interdiction au comte de Montpensier de percevoir des péages en ces lieux en 1478.
Un texte cite dès 1498 le péage des Jarraux, près de Saint-Yorre, mais l’archéologie a montré qu’il était beaucoup plus ancien. Les bois retrouvés sur site sont datés entre 1233 et 1293. Ce dernier péage est supprimé en 1733. La circulation sera désormais libre sur l’Allier.

En échange de ces péages, les seigneurs devaient entretenir sa section de cours d’eau en enlevant les arbres, en mettant en place un balisage et en construisant des duits pour orienter la rivière. Sous Louis XIV, Colbert centralisera l’organisation de l’entretien des cours d’eau avec la création des Ponts et Chaussées.
Après lui avoir offert les traditionnels pralines et massepains, Olivier Paradis remercia Olivier Troubat pour sa présentation et invita les auditeurs à partager le pot de l’amitié.
Texte : ACAE
Photos : N. Moulin
30 mars 2025