En introduction aux 15èmes Rencontres internationales sur les charpentes et plafonds peints médiévaux, jeudi 30 septembre, Georges Puchala présenté une conférence intitulée « Du Languedoc à Aigueperse, charpentes et plafonds peints, témoins méconnus d’un étonnant Moyen Âge ».
Les closoirs des plafonds peints, ces planchettes peintes disposées entre les solives, constituent une base de plusieurs de milliers d’images du Moyen Âge, mais celles-ci sont restées quasi inconnues jusqu’à une date récente. N’étant ni des vitraux, ni des peintures murales, ni des enluminures, ni, généralement, des chefs d’œuvres artistiques, beaucoup ont longtemps été négligés par les chercheurs et les services du patrimoine.
Ce n’est que depuis la fin du XXe siècle que l’intérêt des plafonds peints a été reconnu. La plupart sont sortis de l’oubli récemment et attendent leur restauration et leur mise en valeur.
Ces plafonds peints sont une caractéristique du décor domestique de la période allant du XIIIe siècle à la fin du XVe et début du XVIe. Mais leur datation reste compliquée. Souvent, ils présentent une alternance d’images et d’écus et ces derniers sont généralement le principal moyen de dater la réalisation de ces peintures. La dendrochronologie peut aujourd’hui être aussi utilisée, mais la construction de la charpente ou du plafond peut être bien antérieure au décor lui-même.
Bien que des débats sur le sujet subsistent encore, l’organisation spatiale de ces décors est très organisée. Les personnages les plus importants de leur époque voient leurs blasons posés aux meilleures places : l’endroit le plus confortable et le mieux chauffé de la pièce, la cheminée ou face à l’entrée principale.
On connait beaucoup de plafonds peints sur l’arc méditerranéen, mais plus les recherches s’étendent vers le Nord, plus on y fait de telles découvertes. Ce phénomène, cette mode, a donc dû toucher l’ensemble de l’Europe.
L’orateur présenta une large sélection de plafonds dont ceux de Lagrasse, Capestang, Narbonne, Montpellier, Montbrisson, Le Puy-en-Velay, Poinsac, Saint-Urcize, Ravel, Riom, avant de s’arrêter sur celui d’Aigueperse et notamment sur son closoir « Pax et Amor ».
Anticipant en cela les thèmes des journées suivantes, Georges Puchalconclut en plaçant le plafond d’Aigueperse dans son cadre politico-économique du XVe siècle, une ville située sur une voie de passage majeure entre Nord et Sud du royaume, majeure tant sur le plan humain, sur le plan commercial que sur le plan culturel, il est possible que ses élites aient vu ou entendu parler des plafonds peints d’autres régions et aient souhaité suivre cette « mode » qui leur plaisait et les mettait en valeur. Toutefois, certains aspects précurseurs des peintures d’Aigueperse semblent n’avoir atteint que plus tard les régions plus au Sud de l’Auvergne.
Olivier Paradis remercia l’orateur pour sa brillante synthèse d’œuvres méritant toute l’attention de leurs propriétaires ainsi que de celle des chercheurs pour en retracer les origines et les significations.