En gare d’Aigueperse, dernières traces de la « Petite Vitesse »
En bas de ville d’Aigueperse, au coin du pont du chemin de fer, la dernière trace encore présente du transport ferroviaire de marchandises sera bientôt la seule plaque « Rue de la Petite Vitesse ».
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Après la Seconde Guerre mondiale, le transport routier a peu à peu grignoté la part du chemin de fer dont l’âge d’or remonte au XIXe siècle. C’était l’époque où la plupart des trains étaient formés à la fois de wagons de voyageurs et de wagons de marchandises. Dans les gares, les horaires prévoyaient de laisser du temps pour des manœuvres afin de détacher ou de prendre des wagons. On observait alors la locomotive qui remontait le long de la rame, traînant ces wagons vers les quais réservés aux chargement et déchargement des marchandises.
Pendant ce temps, le personnel reconnaissable à sa tenue marquée des signes de la Compagnie de chemin de fer (le PLM à Aigueperse), en bout des rames, chargeait caisses, vélos, valises et autres colis devant être remis à leurs propriétaires dès leur arrivée à destination. Les voyageurs acceptaient ces arrêts dans les gares, qu’elles soient sur les grandes lignes ou sur les lignes secondaires, voire même en des points de correspondance avec les nombreuses voies étroites de « l’économique ».
Très vite, dès le milieu du XIXe siècle, le train, moyen rapide et bon marché, se chargea du transport d’à peu près tout ce que le commerce et l’administration publique échangeait entre les régions et, notamment, entre la campagne et les villes : colis de toutes sortes, produits agricoles en sac, en vrac, en tonneaux, en bidons, mais aussi animaux vivants, machines diverses, pièces de rechange, pierres de taille, etc.
La gare d‘Aigueperse disposait alors de 30 à 40 employés pour les manutentions, car beaucoup de marchandises étaient expédiées, mais aussi y arrivaient » (cf. Georges Gagnevin « Les marchés d’Aigueperse », Sparsae, n°43, 1999, p.15-18). En effet, la présence d’une main d’oeuvre locale assez pléthorique qui quittait l’agriculture, facilitait le transfert manuel des denrées.
Une carte publicitaire ancienne montre sur les quais de la gare d’Aigueperse des alignements de machines agricoles en attente de chargement sur des wagons-plats à ridelles. Ces semoirs en partance étaient fabriqués par les Ateliers de Limagne, autrefois installés au fond de la place Saint-Joseph, sur le boulevard de Coreil. Cette importante entreprise perdura jusque dans les années 1980.
Sur ces quais, pour faciliter les transbordements, se trouvait une grue tournante, en fonte, que deux agents faisaient fonctionner pour soulever et transférer des colis allant jusqu’à 6 tonnes. Il semblerait qu’il n’y avait qu’une seule grue sur le quai de la Petite Vitesse. Pour les grains (les blés meuniers de Limagne étaient très réputés : variétés Capitole, Etoile de Choisy, etc.), productions majeures de la région, « les sacs étaient déposés au quai de la gare par le commerçant. Le brigadier de la gare comptait les sacs, mettait une marque et les employés de la gare chargeaient les wagons et plombaient les portes ».
Face à un trafic d’autant plus important à Aigueperse que la nouvelle ligne St-Germain-des-Fossés-Vichy-Riom via Randan n’ouvrira que dans les années 1920, le service des marchandises ne put se suffire de quais découverts sur de simples terre-pleins accessibles par une rampe d’accès depuis la cour des marchandises. Les produits fragiles ou de valeur devant être protégés des vols et des intempéries, des hangars à quais couverts furent construits sur des modèles standards que l’on retrouvait, quasiment à l’identique, sur à peu près tout le territoire français. Aigueperse connut ces deux types de quais : ouverts et couverts.
(Carte postale ancienne, coll. privée)