En cette année olympique, l’Association culturelle a invité Françoise Pottier-Béchet le samedi 23 mars 2024, pour présenter une conférence intitulée « Les symboles des Jeux Olympiques : de la flamme à la Phryge ». Professeur agrégée d’histoire, la conférencière a enseigné pour la plus grande partie de sa carrière au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand. Elle participe, depuis sa retraite, aux activités de nombreuses associations auvergnates et bourbonnaises.
À quatre mois de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris mais aussi 100 ans après les Jeux tenus en France en 1924, l’oratrice a montré leur évolution durant ce siècle et s’est intéressée à la multitude de symboles que leurs organisateurs, peu-à-peu mirent en avant, jusqu’à se demander combien seront véritablement perçus par les spectateurs.
Sport et business
Aujourd’hui, on pense beaucoup à la communication sur le pays organisateur et on calcule les possibles retombées touristiques qu’il en retirera. Mais on se préoccupe aussi des questions de sécurité pour les sportifs, pour le public, sur le plan sanitaire, du logement et des transports, et surtout des budgets et donc de leur financement !
Pour la France, les Jeux olympiques et para-olympiques seront une vitrine. Ils doivent donc se dérouler sans anicroches. Le pays joue sa réputation en matière d’organisation d’événements sportifs ou culturels à caractère international. La cérémonie d’ouverture, à elle seule, a été conçue pour montrer Paris sous son meilleur jour grâce à un parcours de 6 km sur la Seine, du pont d’Austerlitz au pont d’Iéna, devant 300 000 spectateurs in situ et mais aussi devant des milliards de téléspectateurs dans le monde. Notre-Dame reconstruite, la place de la Concorde et la Tour Eiffel en seront le décor.
Au fil des ans, une évolution extraordinaire des Jeux
En 1924, au stade de Colombes, la France avait déjà initié une nouveauté : les cérémonies d’ouverture et de clôture. Un embryon de village olympique avait été construit qui disposait de l’électricité et de douches… chaudes ! Toujours en 1924, les JO d’hiver furent créés à Chamonix.
En 1928, des sportives furent admises même si dès 1900, la France avait déjà admis leur participation créant alors un important scandale. Peu-à-peu de nouvelles épreuves sportives furent ajoutées, mais d’autres furent supprimées.
En 1968, la première mascotte, nommée « Shuss », remporta un franc succès pour le Jeux de Grenoble. La création du premier véritable village olympique et la mise en place du défilé furent appréciées au plan international. La cérémonie d’ouverture des JO d’hiver à Albertville, est restée dans les mémoires et a inspiré la plupart des suivantes.
A partir de 1984, les Jeux paralympiques furent institués. Ils sont les héritiers des Jeux de Stoke Mandeville, village d’Angleterre où un médecin avait eu l’idée de faciliter la réhabilitation des anciens combattants victimes de la Seconde guerre mondiale par la pratique sportive.
L’appel aux symboles se multiplie
Historiquement, le premier symbole mis en valeur serait la flamme. Elle était à l’origine et reste une torche allumée à Delphes symbolise la paix entre les cités pendant la durée des Jeux.
Tony Estanguet, président du Comité d’organisation des JO 2024, a montré dans son discours dans l’amphithéâtre de la Sorbonne le 10 juin 2023, le rôle du parcours : la flamme « visitera nos nombreux territoires, elle mettra en valeur nos terroirs, notre gastronomie ». Elle mettra aussi « un coup de projecteur sur notre outre-mer ».
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La flamme arrivera en métropole par le port de Marseille le 8 mai au bord du voilier, monument historique, le Bélem. Ce choix n’est pas le fruit du hasard. Massalia est à l’origine une colonie fondée par la cité grecque de Phocée au VIe siècle av. J.-C. Portée et transmise sur 12 000 km, elle suivra un parcours naturel, patrimonial et culturel du territoire français métropolitain et outremer. Le but est de montrer la beauté du pays pour de futurs touristes. Rien ou presque n’est oublié sur son parcours, y compris les vignobles, grands et petits, les prouesses du génie civil (viaduc de Millau, base de Kourou) ainsi que des lieux mémoriels tels que Colombey-les-Deux-Églises.
La flamme passera à Vichy le 21 juin, en raison de la présence de son Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive (CREPS) qui sera le lieu d’entraînement de 35 équipes olympiques et paralympiques.
Chaque étape du parcours fait référence à des symboles historiques, touristiques ou économiques français, pour s’achever sur la Seine au cœur de Paris.
Les 2000 torches porteuses de la flamme sont le fruit du travail les meilleurs orfèvres français ainsi que plusieurs grands ateliers industriels. Elles mettent en valeur le savoir-faire artisanal et industriel national.
La mascotte des Jeux de 2024 est une peluche dénommée la Phryge. Son succès commercial n’est pas au rendez-vous pour l’instant. Pourtant, sa symbolique est importante. Bien que peluche, ce n’est pas un animal qui est choisi, mais un idéal, celui de la Liberté représentée par le bonnet phrygien qui prend une forme humaine. Ce bonnet phrygien est devenu « à la mode » sous la Révolution, puis, en 1830, alors que le peintre Eugène Delacroix le représente sur la tête d’une Marianne révolutionnaire sur le tableau La Liberté guidant le peuple. Sous la IIIe République, cette femme avec ce bonnet devient ainsi le symbole de la France que l’on retrouve dans les mairies, sur les monnaies ou sur les timbres.
Trop de symboles ?
En conclusion, Françoise Pottier-Béchet reprit une citation de Pythagore : « Le spectacle du monde ressemble à celui des Jeux olympiques : les uns y tiennent boutique ; d’autres paient de leur personne ; d’autres se contentent de regarder ». Les symboles illustrant la France, son histoire, ses paysages, son économie, sa culture, seront dans tous les détails. Sauront-ils être compris ? Trop de symboles ne tueront-ils pas leur objet ? Le long parcours de la flamme ne finira-t-il par lasser ou perdre l’attention des téléspectateurs ?
Olivier Paradis, président de l’ACAE remercia chaleureusement l’oratrice en lui remettant les spécialités d’Aigueperse – massepains et pralines – avant d’inviter les auditeurs à partager le pot de l’amitié.