À quelques jours du 80e anniversaire du jour J, le voyage de printemps de l’Association culturelle d’Aigueperse et ses environs (ACAE) s’est dirigé vers la Normandie. Après un petit-déjeuner à Vierzon, la première visite fut pour la cathédrale de Chartres.
Cette ville est construite sur une petite éminence. Au cœur de la Beauce, ses flèches, l’une romane et l’autre gothique, sont visibles de loin. En 1194, un incendie qui dura 11 jours, détruisit l’ancienne cathédrale à à l’exception de la flèche sud et des trois baies vitrées de la façade. Et surtout, sa célèbre relique, le voile de la Vierge, fut sauvée des flammes ce qui permit grâce aux pèlerinages qu’elle suscitait de toute l’Europe, de lever des fonds pour la reconstruction. Il ne fallut que 26 ans pour cela, de nombreux habitants de la ville venant aider les artisans. La hauteur de voûte est de 37m50.
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Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’ensemble des vitraux médiévaux fut déposé et caché selon les instructions du préfet de l’époque, Jean Moulin.
La guide ne manqua pas de commenter le tracé du labyrinthe tracé au sol de la nef. Il représente la vie des chrétiens. Les visiteurs s’attardèrent aussi autour d’une véritable dentelle de pierre, la clôture du chœur, ainsi que l’horloge du XVe siècle et, dans son reliquaire, le fameux Voile de la Vierge, don du roi Charles le Chauve à la ville afin de la protéger de l’invasion Viking au IXe siècle.
Après déjeuner, le second arrêt fut à l’église Saint-Louis de Dreux, nécropole du roi Louis-Philippe et de la famille des Orléans. Construite sur les vestiges d’une forteresse médiévale, la chapelle royale contient de nombreux tombeaux dont les gisants monumentaux en font un lieu dédié à la sculpture.
En 1775, le comté de Dreux est cédé au duc de Penthièvre, petit-fils de Louis XIV et de Madame de Montespan. Il y fait transporter depuis Rambouillet les neuf cercueils de son père, sa mère, son épouse et ses six enfants. Surnommée la « Saint-Denis des Orléans », cette chapelle fut élevée entre 1839 et 1845. C’est là que repose la princesse Adélaïde d’Orléans, sœur du roi des Français, propriétaire du château de Randan.
Il ne restait plus qu’à atteindre l’hôtel à Caen pour un dîner suivi d’un repos bien mérité.
Une vigne surprenante… en Calvados
Le deuxième jour commença par une visite à l’unique vigneron normand, au vignoble « Les arpents du soleil » de Saint-Pierre-sur-Divesdans le Calvados. Le propriétaire présenta les caractéristiques de son terroir situé sur des résurgences de calcaire du Bassin Parisien. Ses vignes sont taillées en Guyot, deux baguettes longues en arcures, travaillées sur le rang et en herbage maîtrisé sur l’inter-rang.
Le précédent propriétaire avait lancé l’expérimentation de vigne sur ces terres aussi septentrionales en 1995.
Les premières vendanges eurent lieu en 1998. 9 cépages y sont cultivés, dont le pinot noir représente la moitié de la surface, soit 3ha 30.
Une dégustation commentée permit de conclure agréablement la visite (avec modération bien sûr).
Les plages du débarquement
Le groupe se rendit ensuite à Ouistreham, débouché du canal de Caen à la Manche, près u premier pont libéré par les Alliés, Pegasus Bridge, afin de percer le Mur de l’Atlantique et préparer le débarquement. Le pont de Bénouville doit son surnom à l’emblème de Pégase de la 6e division britannique aéroportée chargé de sa conquête dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Trois énormes planeurs réussirent à atterrir de nuit à proximité sans se faire remarquer des soldats allemands.
Suivant la côte, Sword, Juno, Gold, sites des plages du Débarquement allié, furent expliqués dans le car grâce par nos historiens.
Un arrêt à Arromanchespermit de comprendre l’installation du port artificiel destiné à débarquer le matériel, le carburant et les renforts nécessaires aux armées. Un film présenté dans un cinéma circulaire à 360° permit de revivre le débarquement grâce à des images d’archives.
La cathédrale de Bayeux
Le 3e jour eut pour première destination la ville de Bayeux. Miraculeusement épargnée par lors des combats de la Libération, elle fut, pendant un temps avant la Libération de Paris, la capitale de la France libre. Après avoir jeté un rapide coup d’œil sur quelques belles maisons médiévales à pans de bois entourant la cathédrale, les visiteurs furent reçus par l’Association LesAmis de la cathédrale de Bayeux dont les très compétents guides bénévoles guidèrent les Aiguepersois dans la bibliothèque, la salle du chapitre, la crypte et le chœur de la cathédrale. Toutefois, d’un commun accord, l’escalade de l’une des tours pour admirer l’ensemble de la ville leur fut épargnée.
La cathédrale, succédant à deux édifices incendiés par les Vikings, fut édifiée entre 1040 et 1080. Dédicacée en 1077, le demi-frère de Guillaume le Conquérant, Odon de Conteville, est alors évêque. L’édifice est un chef d’œuvre où voisinent les arts roman et gothique normand. Il abrite un chapitre de 48 chanoines qui vivent dans des maisons canoniales situées en ville.
La salle capitulaire, accolée à la cathédrale, est dans un très bon état de conservation. Elle présente notamment un labyrinthe de vie chrétienne tracé sur son sol et des peintures murales.
La bataille de Normandie
Puis ce fut le départ pour Sainte-Mère-Église où, après déjeuner, était prévue la visite de l’Airborne Museum. Ouvert en 1964, il contient notamment un grand planeur militaire transport de troupes, autour duquel un premier bâtiment fut construit. Situé au carrefour de plusieurs routes, notamment celle menant de Paris à Cherbourg, ce bourg fut contrôlé par l’armée allemande dès juillet 1940.
Sa réputation vient notamment du parachutage de 16 soldats américains sur le village dont l’un, John Steele, vit son parachute rester accroché pendant deux heures au clocher l’église, où il fut véritablement assommé par le tocsin appelant à lutter contre un incendie dans le village.
Le débarquement de Normandie pu y avoir lieu grâce à une campagne de désinformation des Alliés à laquelle participa l’agent double Garbo. Elle laissait penser qu’il aurait lieu quinze jours plus tard dans le Pas-de-Calais. Cherbourg était la priorité pour les Alliés, car il s’agit d’un port en eaux profondes, capable de recevoir les Liberty ships américains. Le débarquement permit de couper transversalement la presqu’île du Cotentin, isolant au Nord, Cherbourg où les troupes allemandes ne pouvaient plus recevoir de renfort. Ce ne fut toutefois que le 26 juin 1944 que le port français fut libéré.
Les intenses combats des premières semaines firent de nombreuses victimes. Le cimetière américain de Colleville, face à la plage de débarquement d’Omaha Beach, regroupe 9386 tombes de soldats américains. Le calme qui y règne, contraste avec les durs combats qui se déroulèrent sur cette place qui en acquit le surnom de « Bloody Beach ». Ce lieu fut accordé par l’Etat français aux États-Unis. Chaque soir, à 17 h, la cérémonie de descente du drapeau américain maque l’attachement des USA au souvenir de ses soldats.
Le car reprit ensuite sa route vers Sainte-Marie-au-Mont où l’un de nos adhérents a retrouvé l’emplacement d’une photo prise il y a 80 ans par l’oncle d’un de ses amis. Philippe Carré, membre de l’ACAE, y détailla l’organisation des batteries côtières de Longues appartenant au Mur de l’Atlantique où le groupe fit un arrêt.
Le poste de direction de tir de l’une d’elles, dans sa casemate en béton armé, a servi de décor au film Le jour le plus long, montrant un soldat allemand découvrant à la jumelle avec stupéfaction aperçoit l’ampleur de l’armada allié se présentant face à la côte.
Le Mémorial de Caen
Le dernier jour, la matinée a été consacré à la visite du Mémorial de Caen qui retrace toute la Seconde Guerre mondiale. Ce musée comporte des documents et des objets inédits, ainsi qu’un bunker reconstitué. Cette visite fut aussi l’occasion de rappeler que la ville de Caen a été lourdement bombardée et détruite à 83% et que beaucoup de civils y ont perdu la vie lors de la Bataille de Normandie.
Avant de quitter la région, un dernier arrêt permit d’admirer la fameuse tapisserie de Bayeux, qui, originellement, était destinée à être exposée dans la cathédrale.
Chargés de ces nombreux souvenirs, il ne restait plus aux Aiguepersois qu’à retourner en Auvergne, non sans avoir applaudi pour cet excellent programme minutieusement préparé dans les moindres détails, les organisateurs à commencer par son coordinateur, Bernard Boulin. Une fois de plus, de beaux souvenirs pour les heureux participants !