Les fouilles archéologiques effectuées actuellement par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont permis de mettre au jour une partie disparue de la ville médiévale d’Aigueperse, un morceau de son rempart, ainsi qu’un faubourg artisanal.

Ces travaux ont été entrepris sur le terrain de l’ancienne école maternelle d’Aigueperse, en préparation d’un projet de la Communauté de commune Plaine Limagne en vue de créer un Espace Enfance-Jeunesse.

Très bien organisée, la visite permettait de découvrir et comprendre les principes de recherche archéologique de sauvegarde. Les commentaires autour de l’avancement des travaux entrepris par l’Inrap étaient d’ailleurs présentés par les chercheurs eux-mêmes.

D’importantes fouilles.

Lors de sondages initiaux entrepris il y a quelques mois, des vestiges intéressants furent décelés. Ils conduisirent les services de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) à prescrire des fouilles complètes du lieu.

Avant la création de la « ville neuve » qui s’est étendue ensuite vers le Nord (c’est-à-dire au nord de l’actuel rond-point), la ville médiévale (XIIIe-XIVe siècles) s’arrêtait dans cette zone des fouilles.

Nous savons que la ville d’Aigueperse primitive était formée par sa rue droite qui allait de l’église à la mairie et que des tours et des portes en fermaient l’accès. Après études détaillées, ces fouilles vont permettre d’en savoir davantage sur l’implantation des habitats de chaque côté de la Grande rue… et sans doute plus…

Vue générale (au fond, la Grande rue d’Aigueperse).

Les archéologues ont ouvert les portes de leur chantier au public le samedi 18 septembre. Les deux jours précédents, les écoliers d’Aigueperse avaient eu la primeur de découvrir ces vestiges.

Derrière le grand portail monumental du 194, Grande rue, autour du grand bâtiment de l’ancienne école, un quartier médiéval est mis au jour. Les bases des murs en pierres calcaires locales (solins) sont bien visibles et permettent d’imaginer ces habitats. Y furent également mis à jour deux puits bâtis en pierre qui permettaient des accès à l’eau peu éloignés de l’habitat.

À l’extrémité Est de ce même bâtiment, furent mis au jour des éléments du rempart de ville. D’une grande importance pour la sécurité de la ville, afin de renforcer la muraille les constructeurs l’avaient fondée sur des arcs de décharge espacés de façon régulière. Ils se repèrent nettement dans ces fouilles.

Soubassement des anciens remparts.

 

Proposition de restitution du faubourg artisanal hors les murs (présentation Inrap lors des Journées européennes du patrimoine de 2021.

Comme on pouvait s’y attendre, un fossé large d’environ 15m (rempli d’eau lors de la visite) protégeait l’accès à ces remparts.

La surprise d’une activité industrielle aiguepersoise jusqu’à présent inconnue. 

Mais la grande découverte vient ensuite. Au-delà de ce fossé existait un quartier artisanal. Preuve en est avec la découverte d’une grand fosse rectangulaire datée du XIVe siècle. Celle-ci contenait du cuivre (des coulées d’une douzaine de kilos de cuivre pur à 90%), des galettes de plomb pesant jusqu’à 15kg, des traces infimes d’argent et des scories légères.

Il pourrait donc s’agir d’une fonderie où était traité le cuivre argentifère. Reste à vérifier, avec l’aide du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), d‘où ce minerai pouvait provenir.

Les bases d’un ancien grand bâtiment entourant cette découverte ont également été dégagées.

On peut donc affirmer qu’une activité métallurgique médiévale jusque là ignorée a été trouvée à Aigueperse.

Dans ce même quartier, plusieurs habitations, avec leur foyer, ont également été mises au jour, ainsi que des dallages et un calage de pierres en rond, témoin de la présence d’un étai en bois, qui marque l’ancienne présence probable d’un appareil de levage à l’atelier de fonderie.

Grâce à ces fouilles, le passé médiéval d’Aigueperse et la vie de ses habitants intra muros et d’un faubourg hors les murs, la construction et l’emplacement exact du rempart, mais aussi des activités artisanales jusque-là inconnues seront analysés par les chercheurs de l’Inrap. Le compte-rendu de leurs recherches sera remis à la DRAC dans environ deux ans.

Ces importantes découvertes serviront de référence aux chercheurs médiévistes qui pourront dès lors intégrer Aigueperse dans leurs études.

Au total, une très intéressante visite proposée aux nombreux visiteurs.

Texte et photos : Sparsae
Jeudi 23 septembre 2021