UN REMARQUABLE PROGRAMME DE VISITES POUR LA SORTIE D’AUTOMNE 2023 DE L’ACAE
Dimanche 22 octobre, 70 membres de l’Association culturelle d’Aigueperse et ses environs (ACAE) se retrouvèrent pour la sortie d’automne avec comme destinations deux cités médiévales : Gerzat et Montferrand.
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LE SURPRENANT PASSÉ DE GERZAT
La matinée fut consacrée à la visite de Gerzat. L’ACAE a été accueillie par l’association Les racines gerzatoises. Alain Mazeron et Roland Pont guidèrent les visiteurs dans le centre de leur ville. Grâce à la maquette exposée à la mairie, il est possible de bien comprendre l’ancienne organisation du bourg médiéval dont les remparts comprenaient 3 portes de ville et pas moins de 9 tours. Les fossés de ville, d’une largeur variant entre 20 et 25 mètres et d’une profondeur de 10 mètres, recevaient l’eau du ruisseau local, le Bédat. Un château trônait au cœur de ce bourg fortifié.
Les guides invitèrent d’abord les visiteurs à monter sur la terrasse de la mairie qui offre une vue panoramique sur le pays environnant. On se rend ainsi compte que Gerzat se trouve sur une petite butte. Autrefois, le site était entouré de marécages.
Entre la mairie et l’église Saint-Bonnet, se trouve une croix de carrefour qui porte des armoiries à quatre fleurs de lys, qui sont celles du chapitre cathédral de Clermont auquel Gerzat rendait hommage. Une tour y fut plus tard ajoutée, le tout formant depuis les armoiries complètes de Gerzat.
La visite de Gerzat permit d’abord de découvrir un grand nombre de maisons vigneronnes avec leur cuvage au rez-de-chaussée, l’habitation à l’étage et un grenier au-dessus. Le passé vigneron de Gerzat se remarque même sur l’un des modillons à copeaux de l’église qui porte un bousset, ce petit tonneau de boisson qui accompagnait le vigneron dans ses vignes. A noter aussi les loges, ces petites maisons étroites coincées derrière les remparts qui servaient surtout d’abris où les populations venaient se réfugier en cas de danger, ce qui confirme que le bourg de Gerzat puisse à juste titre être classé comme « fort villageois ».
Le groupe bénéficia d’explications utiles sur la porte de la Barrière, aujourd’hui appelée « tour de l’Horloge » et sur l’église romane construite au XIe siècle grâce à un don de Guillaume Sapis. Deux travées supplémentaires vers l’ouest vinrent s’ajouter à la nef en 1830.
Parmi les points forts de la visite, il faut noter le bel accueil fait au groupe au château de Sampigny, dont M. et Mme Merle avaient exceptionnellement ouvert les portes. Construit à l’extérieur des remparts médiévaux, c’est un bâtiment du XVIIIe siècle repris sur un château du Moyen Âge. En 1728, la famille de Sampigny acheta le château d’Effiat. Olivier Paradis ne manqua pas de relever de nombreux points communs dans les architectures des deux bâtiments. La toiture, la charpente, le bassin, la grille et les façades sont classés Monuments Historiques. En 1918, des soldats américains ont été cantonnés à Gerzat et on retrouve d’ailleurs leurs graffitis laissés dans les communs du château.
On ne peut pas quitter Gerzat sans évoquer L’étincelle, le site de production de pâtes alimentaires d’avant-guerre, racheté ensuite par la famille Jourdan d’Aigueperse, et venant compléter la Meunerie du Centre dont les moulins de Chamalières produisaient la fameuse farine Francine dont l’origine de la marque était, ni plus ni moins, le prénom de l’épouse du propriétaire, André Jourdan.
Pour ceux qui auraient encore ignoré la pansette, la spécialité gastronomique locale renommée, la confrérie, les « Paladins de la pansette de Gerzat », la leur fit découvrir. Chaque année Gerzat a d’ailleurs sa foire aux pansettes début octobre. Ce patrimoine culinaire est confectionné avec les quatre panses d’agneaux. La tradition veut que trois panses soient coupées avant d’être placées dans la quatrième pour d’être cuites dans le four du boulanger… Pas banal !
Puis Serge Pichot, maire de Gerzat et ami de l’ACAE, dit quelques mots de bienvenue et de présentation du dynamisme commercial et industriel de sa ville.
Après le déjeuner au Bistrot Klam, les visiteurs se dirigèrent vers Montferrand où rendez-vous était donné place de la Rodade, l’ancien champ de foire.
MONTFERRAND : À CHAQUE COIN DE RUE D’EXTRAORDINAIRES TRACES D’UN RICHE MOYEN ÂGE
Réunie depuis 1630 à Clermont, Montferrand est une cité de commerce importante ceinte de remparts depuis le XIIIe siècle dont il subsiste 1172 m de murailles récemment remises en valeur.
Le patrimoine immobilier du vieux Montferrand reste principalement constitué de trois types de bâtiments civils : les maisons vigneronnes et agricoles, les maisons de commerçants avec leurs échoppes et les hôtels particuliers. Au XVIe siècle, Montferrand accueille le siège de l’importante administration fiscale qu’est la cour des Aides.
Répartis en trois groupes guidés par Hélène Martin et Denis Croze des Amis du vieux Montferrand, et par Olivier Paradis, les visiteurs se dirigèrent vers les nombreux hôtels particuliers du centre ville. Leur plan caractéristique est généralement constitué d’une boutique donnant sur la rue, longée par un couloir menant à une cour où se trouve un escalier principal en colimaçon desservant les étages. Les magnifiques décorations sont constituées de sculptures de grande qualité témoignant de la richesse de la cité. On peut découvrir dans ces cours privées, ici un ange, là une Annonciation, un saint Christophe, des centaures ou encore des armoiries décorant les escaliers.
Tout comme à Riom, le point de jonction des axes nord-sud et est-ouest s’appelle « Le coin des Taules » du patois « taulas », les étales, ce qui vient confirmer le passé commercial de la ville. S’y ajoutent des poutres sablières sur lesquelles autrefois s’appuyait un auvent protégeant les acheteurs de la pluie et du soleil. Le centre-ville de Montferrand fut aussi excavé, car les pentes étaient fortes faisant ainsi se retrouver au rez-de-chaussée les entrées de caves, imposant dès lors la construction d’escaliers pour accéder aux portes d’entrée des immeubles.
Classé monument historique en 1846, la collégiale Notre-Dame de Prospérité date du XIVe siècle. Elle n’a qu’une seule nef, sans transept, ni bas-côtés. Elle est entourée de chapelles. Elle a subi une influence gothique méridionale. Sa façade possède une rosace finement sculptée mise en valeur par une frise de pierre située en-dessous, comportant des grappes de raisin.
La dernière visite s’arrêta, tout à côté, à l’ancienne manécanterie, appelée ici « chanterie », où les enfants du bourg étaient instruits et apprenaient les chants d’église.
M. et Mme Delcros ont ouvert aux visiteurs la cour de la maison d’Adam et Ève, avant de leur faire découvrir leur cabinet d’architecte, situé en-dessous, où, lors des travaux, ils ont pu dégager des caves et les aménager en salles de réception. Le résultat est époustouflant. L’espace ainsi ouvert, en longueur comme en hauteur, est très impressionnant.
Avant de se quitter, les membres de l’ACAE dégustèrent dans ce lieu le vin local de Chanturgue, accompagné de pâtes de fruits à la fraise et de sucres d’orge à… l’angélique (cultivée de longue tradition autour de Clermont), tous ces produits offerts par l’Association Puy Confits créée par Hélène Martin qui s’est donnée pour objectif de faire revivre et de protéger le remarquable patrimoine sucré des artisans et industriels confiseurs d’Auvergne.
Grâce à l’attention toute particulière accordée par les différents guides qui se succédèrent tout au long de la journée, cette sortie d’automne de l’ACAE laissera d’excellents souvenirs aux participants.